Laboratoire Africain
de Recherches en Cyberstratégie
Au début des années 1995, l’entrepreneur Américain Clayton M. Christensen, Professeur à l’université de Harvard et auteur du livre « The innovator’s dilemma », a analysé et défini pour la première fois le phénomène de l’« innovation disruptive ou perturbatrice », dans les termes suivants:
« C’est une innovation qui crée un nouveau marché et un réseau de valeur en perturbant ceux qui existent déjà, entraînant le déplacement d’entreprises, de produits et d’alliances établis par les marchés. La disruption permet de faire émerger de nouveaux modèles et crée des marchés plus vastes en rendant moins chers et plus accessibles des produits et des services là où il y a des situations de rentes ou des oligopoles non transparents. C’est une transformation fondamentale, radicale et irréversible du système capitaliste car les disrupteurs sont des innovateurs qui cherchent des solutions aux problèmes qu’ils rencontrent ».
C’est ce phénomène qui est principalement appliqué dans la nouvelle économie numérique aujourd’hui donnant l’appellation commune de « technologies disruptives », pour décrire des technologies telles que l’Intelligence Artificielle, les NBIC (Nanotechnologies, Biogénétique, sciences de l’Information et sciences Cognitives), et plus récemment la Blockchain.
De quoi s’agit-il exactement ?
Beaucoup d’entre vous avez peut-être entendu ce terme et se sont demandé de quoi il s’agissait exactement. De façon élémentaire, on peut dire qu’une Blockchain est essentiellement un « grand livre » numérique distribué qui conserve une liste d’enregistrements et permet le partage d’information en temps réel.
On peut donc considérer que ce grand livre constitue une base de données. Les membres ayant accès à la base de données valident les données dans un bloc spécifique au moyen d’un protocole de consensus entre les membres, en utilisant des calculs algorithmiques utilisant la cryptographie (les méthodes varient en fonction de la technologie et de la base de données impliquées). Les blocs validés sont ensuite liés en séquence aux blocs précédents en utilisant des horodatages et d’autres informations uniques (hash), créant ainsi une chaîne de blocs d’informations. D’où le terme Blockchain!
Les blocs séquentiellement ajoutés sont presque impossibles à modifier une fois validés et stockés sur la chaîne de blocs pertinente. Une blockchain peut être publique (sans permission) ou privée (autorisé), selon le but et l’objectif visé. Publique signifie que toute personne qui exécute le protocole de blockchain approprié peut lire ou écrire des informations sur la chaîne de blocs (le meilleur exemple est la chaîne de blocs du Bitcoin) ; Une chaîne de blocs privée signifie que seuls les utilisateurs désignés peuvent lire ou écrire sur cette chaîne de blocs (cas du protocole Hyperledger implémenté par le géant IBM pour ses clients).
En des termes que j’espère plus simples, la Blockchain est une technologie / un système distribué de consensus qui autorise des transactions, et d’autres opérations à être exécutées de manière sécurisée et contrôlée directement entre les parties, sans qu’il n’y ait une autorité centrale de supervision (ou tiers de confiance tel qu’assureur, banquier, notaire par exemple… on le verra en détail plus bas), cela simplement parce que les transactions et toutes les opérations sont validées par le réseau entier.
D’après le mathématicien français Jean-Paul Delahaye, il faut donc s’imaginer la Blockchain comme étant « un très grand cahier, que tout le monde peut lire librement et gratuitement, sur lequel tout le monde peut écrire, mais qui est impossible à effacer et indestructible. ». C’est la première technologie qui permet un transfert de valeur (actif) de façon numérique d’une source vers une destination. Voilà ce qui, en plus du reste, lui confère son caractère de technologie disruptive, voir révolutionnaire !
Dom Steil, un autre entrepreneur et auteur de nombreux articles sur les nouvelles technologies, souligne assez clairement cette idée de révolution de la manière suivante :
« La Blockchain est intrinsèquement puissante du fait que c’est la colonne vertébrale d’un nouveau type de mécanisme de transfert et de stockage distribué et open source. Elle est le tiers nécessaire pour le fonctionnement de nombreux systèmes à base de confiance. Elle est la feuille universelle d’équilibrage utilisée pour savoir et vérifier qui détient divers droits numériques. De même qu’Internet a été la base de bien d’autres applications que le courrier électronique, la Blockchain sera la base de bien d’autres applications qu’un réseau de paiement. Nous en sommes aux premiers instants d’un nouvel âge pour tout ce qui est possible au travers d’un réseau décentralisé de communications et de calculs. ».
La notion de contrats intelligents (Smart Contracts)
Si la Blockchain n’était, au début, que la technologie qui supportait les bitcoins, il est vite devenu évident qu’elle pouvait être utilisée pour d’autres usages que la crypto-monnaie. De manière synthétique, tout ce qui est transactionnel, financier ou pas, peut se mettre sur une blockchain avec le même principe : garantir la confiance, tout en étant plus efficace, d’une part en offrant une meilleure fluidité et rapidité des transactions, et, d’autre part, en réduisant fortement leurs coûts, tout simplement en éliminant le goulet d’étranglement opérationnel qui se nomme « tiers de confiance ». C’est de ces nouveaux usages que naît la vraie révolution, qui est bien illustrée par ce qu’on appelle les contrats intelligent (Smart Contract) !
Développé en premier sur la plateforme Ethereum, les contrats intelligents…
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