Manifeste pour une crypto-devise panafricaine…

Par DJIMGOU NGAMENI 21 septembre 2021

 

Extrait du livre à paraître « CYBERSTRATÉGIE AFRICAINE – TOME 2 »

 

Introduction

 

La technologie Blockchain dispose d’un large éventail de domaines d’application dans le monde, parmi lesquels nous avons évoqué quelques-unes dans la première partie de cet article. À cette liste non exhaustive de solutions permises par cette innovation en Afrique, on peut d’ailleurs ajouter des solutions de lutte contre les faux médicaments qui déciment nos populations les plus pauvres, des solutions d’attribution et de suivi des marchés publics, et même des solutions de gestion des droits d’auteurs et de la propriété intellectuelle, qui reste des problèmes concrets et épineux dans nos sociétés. Dans ce contexte, nous pouvons saluer ici l’émergence progressive de la SIP platform[1], initiative portée par des jeunes camerounais qui ont l’ambition de s’appuyer sur la Blockchain pour protéger les inventions et le patrimoine immatériel des africains dans un monde de plus en plus digitalisé et concurrentiel, régi par l’économie de la connaissance. Car depuis toujours la propriété intellectuelle (et industriel) est au cœur de la compétition économique mondiale.

Cependant, du fait de ses propriétés intrinsèques explorées ci-dessus (sûreté, inviolabilité, traçabilité, décentralisé, etc.), au regard de sa configuration et son usage initiale (bitcoin), ainsi que du contexte socio-politico-économique qui semble plutôt propice et mature sur le continent (selon plusieurs enquêtes, le Nigéria est classé troisième pays mondial ayant réalisé le plus gros volume d’échange en cryptomonnaies au cours de l’année 2020, après les USA et la Russie. De plus, une déclaration récente du parlement de la CEDEAO par la voix de son deuxième vice-président Malam Chaibou Boucary encourage l’usage de la cryptomonnaie dans cette zone communautaire[2]. Relevons aussi des initiatives telles que l’identité numérique ou encore le marché numérique unique portées par l’Union Africaine), le projet qu’il nous semble le plus ambitieux et le plus audacieux à mener via la technologie Blockchain pour l’Afrique est la création d’une crypto-devise, une monnaie numérique à vocation panafricaine ! D’autant plus que, comme déjà évoqué dans la première partie, l’un des principaux atouts de la Blockchain est que c’est l’une des rares (voir la seule) technologie dont l’Afrique peut faire un usage qui échappe au contrôle des grandes puissances. Ce qui en fait une opportunité pour réaliser un projet aussi sensible qu’une devise numérisée. A quoi ressemblerait-elle ? Quel serait son bienfondé et ses objectifs ? Comme base de réflexion pour tenter de répondre à cette série de questions, nous vous proposons le manifeste ci-dessous.

 

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Le Manifeste 

 

Prenant acte de la marginalisation effective de l’Afrique et des africains dans accords de Bretton Woods signés en 1944 et qui régissent encore le fonctionnement du système financier et de l’ordre monétaire dans le monde aujourd’hui ; faisant le constat que ce système avantage largement les pays occidentaux au détriment des pays dit du sud ;

 

Prenant acte de l’émergence rapide d’un écosystème numérique de paiement en Afrique, ainsi que de la montée en puissance du phénomène de finance décentralisée (dit DeFi) rendu possible par les innovations technologiques et qui remet fondamentalement en question cet ordre financier et monétaire traditionnel ;

Conscient de la longue tradition de lutte pour la souveraineté économique et monétaire de l’Afrique menée par plusieurs générations de panafricains ; De la volonté affirmée par les dirigeants de certains pays africains et surtout de la jeunesse sur l’ensemble du continent qui souhaitent se débarrasser de la monnaie coloniale au profit d’une monnaie continentale…

 

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