Transhumanisme et Intelligence Artificielle face à l’Axiologie Africaine

Par New Author 19 février 2024

 

 Introduction

Au cours de sa longue histoire, l’Humanité a connu plusieurs révolutions techniques qui ont amélioré ses conditions matérielles d’existence. Il s’agit des révolutions suivantes : l’art, la chasse, l’agriculture, l’élevage, l’industrie, le chemin de fer, l’électricité, le téléphone, l’avion et aujourd’hui les nouvelles technologies (NT).

 

Les NT sont désormais présentes dans tous les domaines de nos vies. Leur existence nous enthousiasme en même temps qu’elle nous inquiète. Elles se présentent à nous sous un profil identique à celui de Janus. D’un côté elles sont porteuses de nouvelles opportunités. De l’autre, elles ne vont pas sans charrier des risques majeurs. Certaines applications des NT sont génératrices de progrès dans divers domaines tel que la santé où elles permettent par exemple de réparer l’homme de manière préventive par le moyen de diagnostics prédictifs de maladie. C’est le cas des nanotechnologies. Mais d’autres applications de ces NT sont génératrices de risques de totalitarisme dans des domaines divers tel que celui des libertés individuelles où elles peuvent permettre à un État de suivre à la trace le moindre déplacement des citoyens dans l’espace public. C’est le cas du système de la reconnaissance faciale.

 

Mais le pire est peut-être à venir. Les NT ont donné naissance à deux disciplines nouvelles qui promettent de faire de l’utopie une réalité. Il s’agit du transhumanisme et de l’intelligence artificielle. Les travaux sur le transhumanisme véhiculent la promesse d’un homme augmenté. Mais nul ne voit qu’à côté de cette promesse d’un homme augmenté, ne se profile aussi, l’ombre de l’homme déchargé. Déchargé, car il sera dispensé de toutes les tâches que lui impose sa condition humaine et qui précisément font de lui cet être unique qu’est l’être humain. Il s’agit des tâches qui le contraignent à adopter une posture prométhéenne : penser, prévoir, anticiper, concevoir, organiser, tester, inventer et innover. Une posture qui est le reflet de son identité générique. Or privé de ses tâches prométhéennes, l’homme déchargé fut-il augmenté ne serait plus que l’homme effacé.

 

C’est de façon certaine vers cet homme déchargé que risque de nous conduire l’une des disciplines majeures visant la création d’applications numériques qui reposeraient sur des capacités cognitives semblables à celles de l’homme. À savoir l’intelligence artificielle (IA). Les potentialités dont cette discipline est porteuse introduisent le risque d’une conversion du projet transhumaniste (ambition qui consiste à réparer et augmenter l’Homme) en un projet post humaniste (qui consistera à effacer l’homme tel que la nature l’a configuré). Effacer l’homme en transférant ses tâches prométhéennes à des applications numériques. C’est ce qui se profile déjà avec une application comme ChatGpt qui dans le domaine de l’éducation invite à dispenser l’apprenant de toute démarche cognitive. Autrement dit, une application qui vise à évacuer des espaces éducatifs toute démarche réflexive de la part de l’apprenant.

 

De là, vient la nécessité d’engager une réflexion sur le sujet de savoir comment introduire une logique de durabilité dans nos usages de ces nouvelles technologies. Ces nouvelles technologies que la Raison et la Science mettent à notre disposition. Une logique de durabilité pour garantir que les risques dont ces NT sont porteuses ne prennent pas le pas sur les opportunités dont ces mêmes NT sont porteuses.

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I. La notion de durabilité comme garde-fou  

 

La notion de durabilité est une notion difficile à cerner. Elle présente des nuances différentes selon qu’on la considère du point de vue des entreprises, de la finance, des consommateurs, de l’éducation, etc.. Ceci pose la question de savoir, à quelle notion de la durabilité doit-on faire référence lorsque qu’il faut l’interroger du point de vue des NT.

De façon générale, la notion de durabilité appliquée aux NT fait écho à un souci d’économie de temps et d’énergie. On ne saurait retenir cette acception de la durabilité dans le cadre de l’UNESCO dont les travaux se réfèrent à la notion de durabilité que véhicule le rapport Bruntland de 1987 intitulé « Notre avenir à tous »…

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