Présentation du livre sur la Souveraineté numérique et Cyberdéfense en Afrique

Par son auteur, Mr DJIMGOU NGAMENI

 

Présentez-nous votre ouvrage

Cet ouvrage propose une analyse et un décryptage des concepts de souveraineté numérique et de cyberdéfense, en démontrant dans un premier temps l’ampleur de la guerre cybernétique en cours dans le monde et son impact néfaste sur l’intelligence économique, les intérêts fondamentaux et la sécurité des Etats africains. Puis dans un second temps, il pose les bases de la construction d’un point de vue africain sur ces thématiques, en proposant des pistes de solutions pour acquérir et consolider notre autonomie dans le cyberespace par une stratégie de Cyberdéfense.

 

Pourquoi avoir écrit ce livre ?

En tant qu’Analyste des cybermenaces chez un leader mondial en matière de solution de cybersécurité, j’ai été aux premières loges de la gestion de la cyberattaque de type rançongiciel portant le nom de « Wannacry » qui a eu un retentissement mondial en 2017. Plusieurs de nos clients avaient été impactés, et j’ai vu de près les ravages que peuvent causer ce type d’attaque.

Par la suite, en étudiant la cartographie des zones touchées par ce rançongiciel dans le monde, j’ai été surpris de voir à quel point l’Afrique était très peu concernée, presque absente même de la carte des attaques. Quand on connaît le mode opératoire de ce virus, et qu’on le met en perspective avec la qualité de gestion des parcs informatique en Afrique (qu’on sait globalement moins pointilleux par rapport au reste du monde. Cela se vérifie par la vétusté du matériel, l’utilisation de logiciels gratuits et des systèmes d’exploitation piratés, etc.), il y avait là de quoi être au minimum dubitatif. J’ai donc décidé de mener une analyse plus poussée en me posant la question suivante : S’ils en avaient été la cible, les pays Africains auraient-ils pu détecter la cyberattaque « Wannacry » ? C’est en faisant des recherches pour répondre à cette question que je suis tombé tout à fait par hasard sur la base de données des millions de documents classifiés qui ont été révélés par Edward Snowden.

En suivant cette trame, j’ai ensuite découvert la façon dont la plupart des pays du monde ont réagi, et la façon dont tout cela a conduit à une modification profonde de leur paradigme en matière de protection du cyberespace. Une autre question s’est donc naturellement imposée à moi : Comment les pays Africains ont-ils réagi face à ces révélations, et surtout de quelle façon les ont-ils traités ? C’est n’ayant pu trouver aucune réponse à ces questions que j’ai donc modestement décidé d’en proposer en écrivant ce livre.

De plus, engagé sur ce chemin, j’ai constaté qu’il existe plusieurs publications dans le monde sur les questions de cyberguerre, cyberdéfense et souveraineté numérique. Cependant, ces thèmes revêtant un caractère stratégique, ils sont bien souvent traités selon le prisme de celui qui en parle, et en général au service des intérêts de son pays. Cet ouvrage a justement pour ambition de proposer une analyse des révélations de Snowden en rapport avec l’Afrique, de dénoncer notre posture (trop facilement convenue) de victime ou participant passif à cette guerre cybernétique, de rappeler son impact néfaste sur notre souveraineté (politique, économique, sociale), et de poser les bases de la construction d’un point de vue africain sur ce sujet, lequel est absent du débat aujourd’hui.

 

À quel lecteur s’adresse votre ouvrage ?

Le numérique ayant pris d’assaut la plupart des secteurs de notre vie quotidienne, cet ouvrage s’adresse d’abord à l’ensemble de la société africaine qui est en contact avec la technologie au quotidien, pour une prise de conscience générale sur l’ampleur et les conséquences de la cyberguerre. Mais il interpelle davantage, et ce de façon plus différencié, tous les acteurs impliqués dans la transformation numérique sur le continent africain.

Pour les « informaticiens » africains (consultants, experts, conseillers, etc.) : cet ouvrage ouvre le débat sur l’obsolescence de la démarche de cybersécurité actuellement en cour d’implémentation sur le continent, et la nécessité de migrer effectivement vers le paradigme de Cyberdéfense pour faire face à la sophistication des menaces. N’ayant pas la prétention d’épuiser le sujet, c’est aussi un appel à mettre à contribution leur expertise pour exploiter les pistes proposées et approfondir la réflexion sur la question.

Concernant les entrepreneurs et porteurs de projets numériques : Mon analyse dans l’ouvrage a pour but de renseigner sur la complexité des cybermenaces qui s’invitent dans leurs aventures entrepreneuriales, avec un regard différent de celui porté en Afrique de nos jours. Ceci devrait les influencer dans l’approche de développement de leurs projets (notamment en matière de choix des partenaires, choix des technologies, développement de nouveaux produits et services, etc.).

A l’attention des dirigeants et gouvernants africains : Cet ouvrage apportera un nouvel éclairage sur leur démarche de sécurisation des projets de transformation numérique, une proposition de décryptage de la guerre cybernétique ayant un impact concret sur des questions de compétition économique et de souveraineté politique. J’espère qu’ils y trouveront aussi quelques pistes de solutions pouvant influencer leurs choix stratégiques et inciter au développement des mécanismes plus efficaces de Cyberdéfense sur le continent.

Pour le milieu universitaire et de la recherche : Cet ouvrage ouvre des pistes de réflexion sur l’adaptation des parcours et des contenus de formation, la collaboration avec les industries, l’élaboration des programmes répondant aux besoins de sécurité et de défense, etc.

Pour le secteur privé et les opérateurs économiques africains: il s’agit de prendre acte et de saisir les opportunités paradoxalement offertes par notre retard (fracture numérique importante, mais existence d’un véritable marché continental), en participant au lancement d’une industrie africaine qui va développer les produits et services de sécurités et des défenses numériques, et vu d’une autonomie en la matière.

 

Quel message avez-vous voulu transmettre à travers ce livre ?

Le principal message que je veux transmettre est la prise de conscience par les africains que la cyberguerre est réelle et fait des ravages sur les économies et la souveraineté des Etats, et surtout de pointer l’obsolescence des démarches de cybersécurité récemment engagées dans nos pays. Comme je l’indique dans le livre, le cyberespace est désormais devenu un théâtre de conflit et une sphère de souveraineté à protéger et à défendre au même titre que les domaines terrestre, maritime, spatial ou aérien. Prenons par exemple le domaine terrestre ; le territoire et ses frontières sont bien délimités, et la souveraineté territoriale est défendue par une armée qui s’appuie sur une doctrine et une politique de défense bien élaborée.

Dans le même temps, la police et la gendarmerie combattent le crime et assurent l’ordre public à l’intérieur du territoire. Si on revient sur le cyberespace, on constate que les politiques de cybersécurité que l’on est encore en train de mettre en place sont essentiellement tournées vers la lutte contre le crime et l’ordre public dans le cyberespace (cybercriminalité). Mais les Africains sont-ils capables aujourd’hui de matérialiser les frontières de leur espace cybernétique ? Ont-ils une stratégie pour le défendre ? Voila juste le message sur lequel j’ai essayé d’attirer l’attention en introduisant la notion de Cyberdéfense, encore trop absente de nos discours et de nos stratégies ! Ailleurs, comme je l’indique dans le livre, les cyber-armées sont déjà constituées et fonctionnelles. A quand celle des pays africains ?

 

Où puisez-vous votre inspiration ?

Dans mon expérience professionnelle en tant qu’Analyste des menaces cybernétiques puis Consultant en Cybersécurité / Cyberdéfense, mes recherches personnelles en la matière, mais aussi mon intérêt et ma passion de profane pour les questions de géostratégie relatives au sort de l’Afrique. Pour avoir analysé et vu à l’œuvre la menace, je suis animé par la ferme volonté de contribuer à ma façon à la protection et la défense du « cyberespace africain », en proposant quelques clefs aux acteurs / décideurs pour mieux protéger nos intérêts de souveraineté qui y sont exposés.

 

Quels sont vos projets d’écriture pour l’avenir ?

A la suite de cet ouvrage, je prépare un autre dans lequel je vais poursuivre et approfondir mon analyse sur la question. Je vais même tenter de proposer des fondements pour une théorie et un guide pratique de cyberstratégie africaine, qui permettra d’aller un peu plus loin que le paradigme de cyberdéfense analysé dans le présent ouvrage, notamment en étudiant de plus près le caractère complexe et transversale du cyberespace, considéré comme objet d’étude scientifique. Mais pour l’instant ce n’est qu’à l’état de projet (je n’en suis qu’à la table des matières !), il reste encore à écrire pour le réaliser…

A court terme, je suis en train de terminer un ouvrage qui retrace l’apport des africains et afro-descendants dans l’histoire des sciences et technologies de l’information et de la communication. L’idée générale ici est d’abord de restaurer la vérité historique sur les origines de l’informatique en indiquant la contribution « occultée » de l’Afrique, de se réapproprier notre héritage scientifique et technologique, puis de trouver des repères et sources d’inspiration pour continuer à innover au point de proposer un modèle africain d’innovation technologique. Le livre sera disponible d’ici quelques mois, le temps de la relecture et de l’édition.

 

Un dernier mot pour les lecteurs ?

Gardez toujours à l’esprit que le cyberespace est un milieu conflictuel, et que l’Afrique est bel et bien concernée. Agissez en conséquence au quotidien chacun à son niveau, car c’est la synergie des actions qui aidera à améliorer notre posture globale de Cyberdéfense. Aux gouvernants en particulier, je dirais qu’il est temps de développer une véritable vision africaine du cyberespace dans toutes ses dimensions, et que même si les initiatives nationales sont fortement encouragées, l’échelle continentale reste la plus pertinente pour être efficace.

 

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Bonne lecture !