L’Afrique peut devenir une cyberpuissance !

Par DJIMGOU NGAMENI 12 mars 2024

 

Introduction au concept de puissance


La puissance est un concept qui au fil du temps a fait l’objet de beaucoup de travaux et de débats entre philosophes, scientifiques, militaires, etc. Évacuons d’abord l’idée de puissance exprimée comme
capacité de la mise en mouvement décrite par les lois de la physique, qui sort du cadre [géopolitique] dans lequel se déploie notre analyse.


Dans ce cadre, le concept de puissance est généralement associé aux notions d’action, de potentiel d’action et au pouvoir (dont il se distingue pourtant). On peut aussi relever l’idée préconçue selon laquelle pour un pays, la puissance se mesure nécessairement dans sa capacité à exercer des actions importantes et à plier les autres pays à ses volontés en les influençant. C’est une perception qui limite l’étendue de ce concept, et entre d’ailleurs en rupture avec la vision du maître chinois Sun tzu qui dans son célèbre traité “l’art de la guerre” nous enseigne que « par le mot puissance il ne faut pas entendre domination, mais la faculté qui fait qu’on peut réduire en acte tout ce qu’on se propose ».

Face à cette apparente contradiction, Jean-François Bianchi soutient que « la puissance n’est donc pas un absolu, mais un rapport très relatif, tout autant psychologique, cognitif, que matériel à autrui. […] Elle s’évalue en forces, donc en capacités matérielles comme immatérielles, et se compare dans des rapports de force, qui prédéterminent une part substantielle des effets espérés »


De façon classique, la puissance d’un pays passe par trois voies essentielles : la puissance militaire, qui depuis toujours permet de faire valoir les intérêts d’une nation. La puissance économique, qui est aujourd’hui le théâtre de toutes les confrontations des nations contemporaines avec un consensus des spécialistes en géopolitique sur le fait que la guerre militaire a fait place à la guerre économique, et les armées se transformant en conséquence. Ces deux voies de la puissance constituent le hard power, c’est à-dire la capacité d’imposer sa volonté (par la contrainte, la force) en pliant celle de l’autre.

La troisième voie classique est la puissance culturelle (concept de soft power développé par le professeur américain Joseph S. Nye) qui utilise comme vecteurs la langue, les cultures ou encore la religion pour façonner les volontés et consolider sa position internationale. Relevons que depuis 2004, la diplomate américaine Suzanne Nosel a théorisé une nouvelle catégorie de puissance dite smart power, entendue globalement comme synthèse et combinaison entre le hard power (capacité à contraindre) et le soft power (capacité à inciter, à persuader).

Le concept a d’ailleurs été officiellement repris comme nouvelle matrice des relations internationales par l’administration américaine sous Obama, clairement illustré dans un discours prononcé en 2009 par Hillary Clinton alors secrétaire d’État. C’est à cette nouvelle catégorie que certains spécialistes classent désormais la guerre économique.

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I. Le rapport de l’Afrique à la notion de puissance 


Contrairement aux signes de faiblesse et d’impuissance que l’Afrique d’aujourd’hui peut laisser transparaître, le concept de puissance n’est pas étranger à sa culture et à son histoire pluriséculaire (notamment la partie qui a très souvent été occultée). En témoigne par exemple la littérature de plus en plus abondante sur le règne des pharaons tels que THOUTMOSIS III ou encore RAMSES II, dont on constate qu’ils avaient déjà une connaissance pratique de la puissance classique (aussi bien militaire, économique que culturelle).

Décrit par les égyptologues comme des rois guerriers, on sait désormais qu’ils furent d’extraordinaires conquérants au service de la restauration de l’empire Egyptien, démantelé par des envahisseurs (les
Hyksos) lors des règnes de leurs prédécesseurs. Une analyse rigoureuse de leurs épopées permet très rapidement de se rendre compte à la fois de leur ambition de grandeur, leur génie militaire et leur stratégie de puissance, nourries par la volonté de repousser les envahisseurs au plus loin et de consolider le rayonnement de la civilisation pharaonique. 

 

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